Laurent Colomb                              

 

1. Coumanenfan


Jo soui coumanenfan. Coumcheparlpa le français bian jamais jo sor tout seul. Y a mon mari touchour y a mon mari ou y a ma fille qui parle moa. Jo soui bian bian tout seul enfermé la voila coumanenfan. Coumcheparlpa bian toucheur l’medsin y domand ma fille quoi quesque ché malat. Coumssa josoui coumazandicapi qui parle. Touchour chicoute jamais jo parle. C’est ma fille quoiqui parle por moa. Si dour, si dour de pas parle bian coumssa. Ma parole lé pas soulide lé cassé coumazandicapi. Touchour tout seul à la mizon, jamais dior. Dior y a troudmond pour moa ou y a les parole di gens comprend pas. Ma parole lé pas soulide la voila vriment li trop cassé. Alour si dour sortir tout seul. Y a mon mari touchour qui parle moa jicoute la voila. Jicoute y domand rian coumanenfan. Piti y tout seul enfermé la voila coummalat. Jo soui pas malat quoi quesque c’est ma parole lé cassé pas moa !? Alour jicoute touchour. Si dour pour quesque jo soui pas parle bian bian. La voila enfermé coumazandicapi. Vriment la parole si la main y li pieds por moa. Coum y lé pas soulide bian bian jamais jo parle. Touchour jo marche avec li pieds do ma fille y ji prend avec la doigts do mon mari.


2. Mon assent l’est tranzer


Mon assent le l’est tranzer. Quoi qu’ch dis tousssour mon assent y dit l’coutraire de moi. L’est tranzer c’est soûr. Mon assent l’est pas le fronçais c’est soûr l’est toussour tranzer de moi. Loin « terre-de-moi ». Pas le « moi-terre », le loin. Mais quoi quoi c’est que ch’dis moi c’est pas mon assent qui le dit. C’est le « moi-terre ». Mon assent y dit le tranzer de toi et moi, le « loin-terre » de toi et moi.


Le « lui-mot » c’est toussour le « loin-terre ». C’est zamais le « moi-mot » ou le « toi-terre », le « moi-toi-terre », le « toi-mot », c’est le tranzer de toi et moi, c’est le « lui ». Lui le mon assent l’est pas vraiment moi c’est soûr. C’est le tranzer de le fronçais coum toi et le tranzer de moi. Si pourquoi quoi qu’ch dis tousssour y dis l’coutraire de le vrai. Le vrai de toi et moi c’est le mot c’est soûr c’est pas le mon assent qui le dit.


Mais coum le lui mot c’est toussour le « loin-terre » ze reste tranzer pour toi.


  1. 34.Il a dit on a mis des drapeaux vert et rouge


Il a dit on a mis des drapeaux vert et rouge sur les marches de la République et poussé un you-you et joué du « tam-tam » dans le cortège de la mariée. Pourquoi nos instruments (ô Derbouka) et pourquoi nos couleurs ? Depuis quand le vert ne se marie t-il plus avec le bleu ? Ma joie est tricolore sous l’arc en ciel de ton drapeau.


Il a dit on a mis des drapeaux vert et rouge sur les tours de Marseille ou les barres de Nanterre d’origine mo[ħ]amed (fricative glottale). Car c’est bien mon O.S. de père dans son bleu qu’on est venu immigrer au pays de Jean en 1962 pour investir dans la pierre. Marianne, imaginais-tu ce regroupement familial nominal phonétique ?


Il a dit il a vu qu’on avait agité des drapeaux vert et rouge, étoilés sur la place de l’Etoile ou celle de la Bastille, cannônée un 26 Messidor de l’an I. De toutes ces cloisons abbatues, tu… dans la liesse schizophrène de ta révolution libérale, paveras les artères de nouveaux privilèges. Ma ZUP porte les stigmates du Tiers aux États-Généraux. 


Il a dit on a vu des drapeaux vert et rouge, des cocardes amazighs ou des étendards puniques dégueulés des Limousines blanches. Pourquoi Aicha de France s’entee-shirt aux couleurs des Mores ? Le Bled n’est pas qu’un guide d’orthographe : son futur proche est un passé composé.

بلد


(ballade). Ce que nous recevons du Gallo-Berbère de souche servira les nouvelles noces taurines d’Εὐρώπη en Méditerranée.


Autres extraits en ligne sur Remue.net, Terreàciel.net



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Autochtonies I Extrait du recueil