Laurent Colomb                              

 

Presse


Rousseau prend langue au musée

Tribune de Genève, le 26/09/12, Sylvie Bonier


Extrait :

Attention, aventure mouvementée… On pourrait s’attendre, à la lecture de présentation d’Opéra langue, à des jeunes de banlieue slamant sur un ouvrage lyrique. Pas du tout ! Sonore et vocal, le spectacle présenté au Musée d’art et d’histoire célèbre Rousseau en prenant appui sur son Essai sur l’origine des langues. Laurent Colomb concepteur de l’ouvrage, a toujours été passionné par le language dans sa forme primitive et l’exercice de la voix. Depuis son premier spectacle, Hank, toi plutôt une autre que moi, créé en 1991, l’auteur, comédien et metteur en scène, mais aussi enseignant et chercheur, creuse un sillon toujours plus profond dans l’univers de la vocalité, du travail sur la parole, le geste et tout ce qui les relie. Avec l’onomatopée comme ferment. […] Présenter le projet qui arrive à Genève comme un «opéra slamé» illustre-t-il la volonté de son auteur ? «Je dirai qu’il s’agit aussi d’un objet de dissection littéraire. Et que cet ensemble est très percussif, tambouriné, dans un esprit machiniste.» Paradoxalement, Opéra langue est né sans musique ni histoire linéaire. Le musicien Paul Brousseau transforme et sample les voix qui jouent avec le rythme ou les sons sur de brefs extraits de textes de Voltaire, Diderot, Leibniz, Rouseau, retravaillés par l’auteur. «L’approche est très drôle, cocasse, pleine de références historiques, télévisuelles, cinématographiques et cartoonesques. Tout le monde peut s’y retrouver, des enfants aux adultes amateurs ou non de Rousseau.» Il faudra donc se préparer à lâcher prise sans chercher à s’accrocher aux réflexes culturels.» Une façon de traverser le monde du grand Jean-Jacques en considérant le perfectionnement du langue comme une forme de «pourrissement, à l’image de l’effondrement de la société qui encamisole la nature humaine et ses passions». Vous avez dit radical ?


Opéra langue de Laurent Colomb

Sortir.ch, le 25/09/12


Opéra langue prouve que l'on peut parler de Rousseau, après des mois de célébration, sous un angle original et jamais exploité ! Cet opéra parlé, poétique et loufoque, entre slam et comédie, inspiré par l'Essai sur l'origine des langues, concilie Rousseau philosophe et Rousseau musicien. Il nous montre ce rêveur réunissant ses enfants abandonnés pour une curieuse expérience : trouver l'origine des langues... Dans une mise en scène adaptée spécialement pour le musée, "Opéra langue" est une invitation à découvrir que, des onomatopées aux mots, musique et langage ne sont jamais très éloignés l'un de l'autre.

Faut-il sauver le llllangage ? Ou le Megavocabulocipède

Quoi de neuf à Coye, 27/05/12, Catherine Jarige


Six acteurs – des enfants en quête d’auteur (ou de père ?) – alignés sur la scène, ont joué Opéra langue de Laurent Colomb, comme en « version de  concert » : le jeu frontal assumé met en valeur le mouvement intérieur, les désirs, les rêves et frustrations, mais aussi les fantasmes du philosophe ; la parole est relayée ou condensée, scandée ou déformée, tissée en une  polyphonie complexe,  et l’on admire les comédiens qui ont appris par cœur une telle partition.. Un travail considérable sur l’émission de parole, du souffle  au mot, en passant par le cri sidérant,  traduit spectaculairement la naissance du langage dans l’imaginaire Rousseauiste. Plus rêveur et passeur d’idées que véritablement philosophe, le personnage de Rousseau nous donne à voir la souffrance existentielle d’un homme qui se sentait traqué par les autres, lui l’ami des hommes. Mais le texte  ne se départit jamais d’un humour et d’une joie constants. Sa mise en question de la langue passe par le questionnement anthropologique,  effleure le métaphysique et aboutit au politique  et à l’éthique. Source ou conséquence de la vie sociale, le langage humain avait pourtant bien commencé, dans le vieux jardin,  du côté de l’amour ; mais -punition divine de Babel- il  a dévoyé l’homme de sa nature originelle et l’a acculé à la dépravation. Usages commerciaux, livres, appareil des lois,  harangues, croyances,tyrannie, et tout l’édifice construit par la raison  finit par apparaître au personnage philosophe comme une véritable catastrophe. Jusque là accroché à ses béquilles (herbier, rêve, moi), il doit se rendre à l’évidence : l’homme a perdu sa nature, il veut revenir… On se rappelle la plainte du Gorille d’après Kafka qui criait à la fin son désir de « retourner » et c’est impossible… Mais dans Opéra langue, l’enfant-placard, autiste entravé dans sa difficulté de communiquer, détiendrait pourtant une clef redonnant l’espoir de renouer avec une langue « naturelle ». Le propos, la mise en scène, l’oralité, tout a surpris et désorienté un public très partagé mais touché de cette première. Si certains ont su se laisser porter par les sons du langage, ouvrir leurs « écoutilles » - les trous de l’âme - aux sensations et suivre la « démarche sensible » de Laurent Colomb, d’autres ont perdu le sens très vite et se sont plaints de n’avoir rien compris.  L’engagement total des comédiens, les trouvailles de mise en scène, (la marche de l’évolution, les automates, le potager de poche, la vaticination de Merluche fée sorcière), l’humour, les jeux de langage , la distance ironique vis à vis de ces grandes questions, les contrastes de personnages et la belle musique contemporaine  des voix, étaient – me semble-t-il des incitations et des guides suffisants . On peut ressortir frustré d’un tel spectacle si bruissant , si truculent ; il faudrait  en effet le revoir pour en saisir toutes les subtilités.

Et, pour une autre approche de la question du langage humain, allons lire Rousseau… et tous les autres.


Kyotonomatopée de Laurent Colomb

Revue-spectacle.com, le 25/07/12, Jean-Yves Bertrand.


Un enfant habillé de jaune, joue de sa voix - et d'onomatopées - pour essayer d'animer la nature, de communiquer avec Miss habillée de mauve et Otokonohito-san habillé en vert... chlorophylle et de leur apprendre à «onomato-poétiser» la vie... Certes, le français (et les oreilles occidentales) n'est pas plus fou que ça d'onomatopées (hors Han! qui a donné ahaner, point trop de salut), au contraire de l'anglais (où «des bruits peuvent facilement figurer des verbes») mais surtout du japonais - langue dans laquelle, rappelons-le, fut écrite Kyotonomatopée à l'origine ! Aussi faudra-t-il ne pas hésiter à se débarrasser de ses préjugés sonores afin de se laisser pénétrer par ces onomatopées et d'en accepter les correspondances visuelles proposées... comme la scène, délimitée par une double rangée de cailloux très jardin japonais en forme de philactère - assurément un lieu de choix pour les onomatopées !


Avignon-Festival

Libération, le 18/07/12, Willem.


Cela ne doit pas être facile d’apprendre par cœur le texte de Kyotonomatopée (Théâtre du Centre) qui consiste pour 99% d’onomatopée, grognements, hurlements, mais finit par : « Parole ». Kurt Schwitters aurait apprécié.


Kyotonomatopée

Encore (Revue culturel de l’Institut franco-japonais de Tokyo), avril, mai, juin, juillet 2009.


Praticien des techniques vocales, auteur et comédien, Laurent Colomb exploite dans Kyotonomatopée, ces mots créés par imitations phonétique de la chose dénommée. Exploration acoustique, exploration linguistique, exploration de la relation des mots aux choses, des mots aux êtres, le travail entrepris par Laurent colomb et les acteurs de la compagnie Seinendan transgresse les règles de la conversation ou de l’écoute ordinaire.


Une explosive « Boîte de Coffret »

Midi-Libre, le 7/11/04, Marc Caillaud.


Extrait :

C’est, comment dire ? Comme se sentir pris dans une diabolique bourrasque. Balloté par un ouragan ricanant. Cette Boîte de coffret, un titre presque anodin , renferme un spectacle hors-normes, qui, au bout d’une 1h45 d’un train d’enfer, laisse le spectateur groggy. Mais pas grognon. Une satire bouffonne du monde moderne, du culte du progrès pour tous, de la science «sans conscience», si l’on voulait résumer de façon un peu lapidaire le propos de l’auteur et metteur en scène Laurent Colomb. Clonage, trafic d’organe, délires sexuels, jeunisme, abrutissement télévisuel, violence, argent-roi (…) Pour dénoncer toutes les dérives qui bouleversent et menacent nos identités mêmes d’êtres humains, Laurent Colomb a inventé un langage spécifique, hallucinant sabir de mots et formules empruntés à des genres aussi divers que la poésie médiévale, les jeux vidéos, les films de guerre, la téléréalité (…) Un « hyper-texte » débité à un rythme torrentiel et selon différentes prononciations par des comédiens montés sur ressorts. Leur performance vocale et gestuelle fait de cette frénétique sarabande – qui existe aussi en version lecture – un jubilatoire cauchemar éveillé.


Boîte de Coffret

Charlie Hebdo, 7/07/04, Philippe Val.


Extrait :

Ça a lu Joyce, ça fait subir au vocabulaire une épreuve kaléidoscopique, c’est un tremblement de corps et de mots qui dure une heure et quarante-cinq minutes, les comédiens swinguent comme des bêtes, c’est du théâtre volant non identifié.


Laurent COLOMB auteur, metteur en scène. Coupeur de mots en quatre... En veux-tu en voilà. «Je suis un optimiste».

Le P’tit journal de Gare-au-Théâtre, N°4, 26/07/2003, Myriam Botto.


Extraits :

Laurent Colomb peut être aussi bien gamin désinvolte du Sud, qu’adulte surprenant, voire déroutant, avec pour préoccupation les langues, les écritures, les livres (...) À la lisière entre différentes familles, on le pense inclassable. Ce qui ne l’empêche pas de prôner le « faire ensemble », mot lancé à l’occasion d’une réflexion sur les rencontres d’écritures organisées à Gare au Théâtre, le « Bocal Agité » (...) Encore plus près du théâtre, il investira aussi, et on ne le dira jamais assez, le coin dégagé d’un bureau, dans un rapport intense et fertile à l’espace de la page blanche. Une thèse sur la pluridisciplinarité de la voix, développée dans le cadre d’un doctorat finalisé en 2000, l’a mené jusqu’aux confins du psychanalytique, de l’ésotérique, du physiologique, du musical et plus encore. Une thèse marquée par la pratique du Roy Hart Theatre. Connivence qui a largement corroboré sa démarche théâtrale dans son appréhension du texte et de la voix (...) Laurent Colomb a d’ores et déjà prouvé quelque chose : sa capacité à poser une écriture ravageuse, transcendant le verbe et les conventions de langage sur un mode des plus justes, articulant son rapport au mot autour du couple signifiant / signifié, son / sens. Enfin, Laurent Colomb fait le metteur en scène, ou «metteur en voix» tel qu’il se définit parfois. Il sera à plusieurs reprises sous les feux de la rampe depuis sa première mise en scène en 1995 avec la pièce « Zang Num Num », présentée au festival de Nanterre et décrochant un 1er Prix. Metteur en scène parce que désireux de transmettre ses compétences de technicien de la langue et d’ouvrir un espace de recherche et d’exploration, il poussera l’acteur dans ses retranchements par un travail de répétition du mot, de la phrase, de la réplique, au risque de tomber dans l’acculturation d’un langage. Ce qui, par ailleurs, stimule son goût pour une « imbibation de l’être par l’acoustique des mots ». Le plateau n’en sort jamais indemne.


Du Rififi chez les Barbies

Le Monde.fr, 19/02/03, Cristina Marino.


Extrait :

Avec ses quatre personnages vêtus de pyjamas et de petites robes aux couleurs acidulées, prisonniers d’un carré de 4 mètres sur 4, figuré par un tapis de sol dont les personnages ne franchissent jamais les limites, Show Chouf à Magic Disco se révèle une formidable satire de l’univers factice et abêtissant véhiculé par les séries télévisées du type Dallas et certains jouets pour enfants. Ce spectacle démonte un par un les mécanismes linguistiques à l’œuvre dans ce processus d’abrutissement collectif. Faite de bribes de phrases et de tirades toutes faites extraites des dialogues des sitcoms et des catalogues de poupées Barbies, la partition textuelle de Laurent Colomb est un réel petit bijou de loufoquerie et d’absurdité. De cette juxtaposition sans fin de paroles sans queue ni tête et d’onomatopées incongrues, naît une sorte de brouhaha à la fois incompréhensible et familier. Éminement déroutant pour un public peu habitué à ces nouvelles formes d’expression théâtrale contemporaines, cette farce polyphonique finit par séduire. Grâce notamment à une mise en scène-chorégraphie très réussie qui s’attache à reproduire les mouvements mécaniques des automates et à une gestuelle (visage et yeux) souvent proche du mime. Mais aussi et surtout grâce au talent et à l’énergie des quatre jeunes comédiens qui maîtrisent de façon étonnante un texte particulièrement difficile et qui accomplissent un réel travail sur leur corps pour se rapprocher au maximum des poupées en plastique qu’ils interprètent. Pour donner au spectacle toute sa dimension vocale, ils explorent une gamme infinie d’intonations et de timbres de voix créant ainsi une sorte de comédie musicale d’un genre nouveau.


Laurent Colomb, Le Chercheur es langage

Art-Sud, N°36, Oct/Nov/Déc. 02. Brigitte Langevin.


Extraits :

Avec Show Chouf à Magic Disco, spectacle insolite et décalé, Laurent Colomb présente de nouveau son travail inspiré par le modèle musical et la polyphonie, faisant encore office de mutant dans son domaine. Ça fait maintenant plus de dix ans qu’il propose au public une écriture atypique, toujours servie par une performance époustouflante de comédiens. Pour comprendre son univers, il faut abandonner ses références, vider son esprit, être neuf dans sa manière d’aborder le théâtre. (…) Car au premier abord, le public est déstabilisé, s’efforçant de suivre le fil de la narration. Puis, il se laisse charmer par le travail de composition des acteurs jouant des personnages stylisés, caricaturés, grotesques parfois, proches du mime, s’époumonant sur des registres vocaux à la gamme variée.


Show-Chouf à Magic Disco

La Provence, 27/07/02, Juliette Louis


Extrait :

Le moins que l’on puisse dire c’est que Show Chouf à Magic Disco est une pièce atypique… Bizarre, décalée, différente, hors norme pourraient également convenir mais surtout jubilatoire, drôle et satirique. Car sous ce titre très énigmatique se cache une critique déguisée de la société de consommation où tout doit avoir l’air beau, gentil, et-ou sortir directement de l’univers des sitcoms.


Toystory Zero, launchap ready … go !

Theatreonline.com, 09/06/01, Vladimir Mouveau.


Extraits :

Non, ce n’est pas une pilule d’ecstasie que l’on a ingurgitée avant de mettre un pied dans l’arène du petit théâtre du Lavoir Moderne Parisien ; c’est vraiment un champignon hallucinogène de la plus belle récolte (…) Le jeu est tournoyant. Tandis que deux personnages se donnent la réplique de façon sauvage, deux autres se cherchent des noises avec des gestes de robot à l’autre bout de la salle. Tout est emmêlé, enchevêtré et érige l’espèce d’un spectacle délirant, décalé, et plein d’humour. Un humour fin et direct (…) La composition n’est pas seulement délirante, elle est aussi mesurée : de grands cris succèdent à de longs monologues, sérieux et inspirés. Par moments, des quasi-chorégraphies surgissent et se dessinent alors doucement les travers d’une comédie musicale, d’un vidéo-clip à succès (…) Les comédiens s’effondrent à la fin comme des jouets inanimés, dans un concert de paroles métalliques et distordues, leurs piles sont mortes. C’est la fin du spectacle (…) C’est la pièce la plus space et la plus percutante de l’année.


À propos du Festival de théâtre Universitaire de Nanterre

Théâtre Public, N°133, Janv/Fev. 97, Catherine Naugrette-Christophe.


Extrait :

Monologues violents et crus. Juxtaposition de langages, de sons, de cris, flux continu de mots, d’images, ces textes soliloqués ne sont plus à l’évidence des pièces de théâtre mais ce que Bernard Chartreux appelle des « poèmes dramatique ». Qu’il s’agisse d’un pur travail sur le verbe, avec le très artaudien Zang Num Num, écrit et mis en scène par Laurent Colomb (Label Ganse Théâtre, Paris VIII) en juin 1995, ou bien encore d’un travail poétique sur le politique avec Poème brûlé ou cet hivers-là, présenté en 1996 par Christine Letailleur (Fabrik Théâtre, Paris X). Partition autant que texte, métissage de mots, d’onomatopées et de gesticulations, de sons à dire, à chanter, à chuinter, crier, siffler, chuchoter, Zang num num se présente comme un Polylogue pour un acteur. L’incarnation dans un seul corps, une seule bouche, d’une parole plurielle, traversée d’échos, de résonances, de fragments. Le déploiement dramatique s’opère ici à contrario : non plus, comme dit Beckett, « se mettre à plusieurs pour parler ensemble», mais rester seul pour faire parler les autres à travers soi.


Show Chouf à Magic Disco, Un théâtre très vocal !

Le Bien public, 21/10/96, N.B.


Extraits :

Une histoire de regards, de paillettes, une métaphore sur l’image de soi, un théâtre très vocal, voilà en quelques mots ce qu’évoque Show Chouf à Magic Disco. Le metteur en scène de cette pièce polyphonique pour quatre poupées mannequins, Jean-Marie Sanchez, explique.


«Il s’agit d’une polyphonie au sens strict. On utilise le son et non la musique. C’est parce que les voix, les sons, les tons tombent au même moment que l’on peut parler de partition, de théâtre vocal. » (…) Comme le souligne J.M. Sanchez, L. Colomb travaille beaucoup vocalement. Impossible de lire ses textes, non son texte, seul ! Pas de cacophonie, peut-être une impression d’hystérie peut se dégager de cette partition vocale pour quatre voix où tout est au contraire extrêmement réglé.


« Zarbie » se met en quatre!

Var Matin, 19/11/96, D. B.


Extraits :

Dans cet univers acidulé, la quête d’identité est sous-jacente, dans les mots du texte, dans le déferlement d’énergie et la sueur des corps. Ces corps qui, dans la dynamique du mouvement, deviennent une partition au même titre que la voix : deux partitions qui se croisent et se décroisent et recréent, dans l’amalgame des paroles et des actions, le tourbillon de la vie. Les mots se répètent inlassablement, se décalent et se transforment : les rapports entre les personnages se multiplient, les histoires se créent comme un jeu de construction. Ce spectacle étonnamment jeune sur notre rapport à l’imaginaire demande aux comédiens un exploit tout autant théâtral que sportif : le peu de parole sous-tend le langage des corps traversé d’une folle énergie et déclenche le rire.


Dévoiler sa nature

Le Bien public, 2/11/96, M-L. G.


Extraits :

Le grand souci de ces hommes-mécaniques, projetés sur scène comme des automates, n’est autre que leurs vêtements, que leur physique, qu’une odeur censée les protéger. Dans cette boîte où ils se retrouvent pour s’affronter, seuls en effet leur éclat et leur apparence semblent importer : « il faut être à la mode ». Les dialogues ne s’échangent donc que par bribes, rapidement. Vidés de contenus, burlesques, si les mots s’enchaînent et se répondent, ils ne le doivent qu’au hasard de conversations croisées, anéantissant ainsi toute illusion de communication. L’originalité de ce spectacle réside sans doute dans ce ballet de tons, de sons qui peu à peu forment les mouvements d’une partition hurlée plutôt que chantée. De proche en proche, le malaise s’installe. Les angoisses et les doutes des automates gagnent le spectateur. Leurs troubles s’amplifient puis le verni superficiel éclate, ne découvrant plus que leur nature profonde.


Un mix de chair et de mots

Midi Libre, 13/01/96, Gérard Mayen


Extraits :

Œuvre de salubrité juvénile : une performance étonnante bouscule certains principes, en ouverture des journées de théâtre universitaire.


Cet homme dit, et danse, un langage où il y a des mots et du texte, mais aussi des souffles et des borborygmes, des halètements et des mélanges de langues plus ou moins connues, des bribes, des phrases tronquées. Est-ce le souvenir d’une langue commune originelle ? Ou au contraire le flôt incontrôlé du discours moderne, saoulé de communication ? L’acteur Franck Simon charrie ce matériau, et plutôt qu’une musique, il projette une matière-espace de mots. Physique, délié, flottant ou sautant, il est un point d’équilibre mouvant, traversé de lignes textuelles, de séquences de sens, avec des échappées, des plongées, des crevasses, des mirages, c’est un grand mix (…) C’est la manière de poser le théâtre face à la communication d’aujourd’hui, et de décaler la perception de l’être dans son espace, qui rend captivante et actuelle la proposition de Zang num num ; assez envoûtante aussi. Précisément nous avons donc une prise en charge de l’héritage du langage ; puis une destructuration de celui-ci, par échantillonnage et synthèse, avec effets de mix, scratches, boucles, répétitions, etc. Enfin un test sur la façon dont le corps acteur se projette en voyage mental dans le nouvel espace-temps qui s’esquisse de la sorte ; et cela sans trop de crainte des extrémités physiques.


Le Théâtre universitaire à l’épreuve

Libération, 30/06/95, Marc Laummonier.


Extrait :

Zang Num Num, un texte de Laurent Colomb, sa quatrième pièce, a fait un carton. L’auteur peut être fier de la performance solo de son comédien Franck Simon pour pallier à une désaffection de dernière heure. Un remarquable travail d’acteur qui porte la pièce, un jeu sans fin sur le langage, les langues, les sons, le tout truffé d’onomatopées et de borborygmes.


Fous ou géniaux?

Le Dauphiné libéré - Vaucluse, 31/07/92, K. P.


Extraits :

Le Trésor de la Sierra, de Laurent Colomb pourrait être un festival à lui tout seul. Véritable vivier de thèmes et d’émotions, il retrace un univers infiniment complexe et à priori hétéroclite. Si vous cherchez une histoire rationnelle et construite, inutile de vous déplacer. Ici, tout est bâti selon le modèle d’un vaste jeu de construction ; les scènes se suivent, se poursuivent, se rejoignent, s’imbriquent les unes dans les autres (…) Et puis tant pis si l’on ne comprend pas tout : quand la richesse est excessive, mieux vaut ne pas en connaître son contenu exact. Du moins pas tout de suite. On se laisse porter par les émotions, on rentre dans le texte, on en ressort, on y revient, on le quitte à nouveau (…) surtout dans la seconde partie du spectacle, plus réfléchie que la première, où l’on peut déplorer quelques longueurs. On se laisse cependant subjuguer par l’ambiance de ce spectacle qui se veut être avant tout un message d’émotion, un travail autour du mot et de la perte du sens du mot (…) L’art sous toutes ses formes, ou presque, est utilisé afin de faire passer au public des sentiments, des impressions fugitives et puissantes.


Ça Découette !

La Marseillaise, 10/01/92, J. Arnal.


Extraits :

Avec dynamisme et une maîtrise remarquable des potentialités d’expression du comédien, les personnages rivalisent d’ingéniosité pour enchaîner des sons, mimiques, danses et mots. «Çaparexemplipopette» crie la baronne, entourée de ses deux sbires. Ils tenteront de rattraper le jeune couple qui leur a extorqué de l’argent aux cartes. Histoire vraie ou prétexte pour rallier tout le monde dans de véritables scènes d’hystérie pourquoi pas de sabbat (…) Après tout, cette histoire de l’ange à la moto que le public essaie de comprendre pendant cette heure de spectacle n’est qu’une fausse piste : l’essentiel est dans le plaisir de parler, de se raconter, d’avoir une réflexion sur soi.


Hank : Une écriture moderne

Le Méridional, éd. d’Aix-en-Provence, le 9/01/92, Florence Leray.


Extraits :

Le spectacle est de prime abord déstabilisant pour le spectateur. Celui-ci s’efforce en vain de trouver le fil de la narration, perdu dans des trames discursives et inintelligibles. L’auteur explique le caractère particulier de sa pièce : « la confusion » vient du fait que j’ai voulu en effet créer une pièce dont l’écriture porte plus sur la musicalité des mots que sur leur signification propre (…) Le travail précis ainsi effectué sur la mise en scène contrebalance fort heureusement l’absence de signification textuelle, bien que le spectateur puisse déceler ci et là des îlot de sens percutants, voire humoristiques.


L’Univers fascinant de Laurent Colomb

Le Méridional, éd. de Marseille, le 8/01/92, Patrick Merle.


Extraits :

Au début, le spectateur que nous sommes cherche ses marques habituelles, plutôt désorienté dans un brouhaha verbal où il a du mal à discerner des répliques précises. Mais, bien vite, on comprend que c’est tout l’esprit de Hank (…) De cette longue errance des corps et des âmes, on ne sait jamais vraiment s’il s’agit d’une cour des fous ou de jeux d’enfants à l’heure de la récréation, quand on s’invente un monde à soi pour soi. De toute façon on se laisse porter par le jeu convaincant de ces êtres en quête d’absolu et d’identité.


Scène