Laurent Colomb
Sœns — Polylogue pour un acteur
Une relecture du Livre des Morts des Anciens Egyptiens à la frontière du sens et du son
Sœns
[e] est dans [o] comme dans œuf, toujours contenu dans sa coquille ronde, galbée du son : sens prêt à éclore, prêt à germer du son qui l’entoure, pressé d’en sortir, diphtongue. — Dis : phtongue. Faire « œuvre » dans la parole, c’est encore œuvrer sur cette ligature, dire combien l’un et l’autre - son et sens - sont enlacés dans la parole sans que l’un n’œdipe (?) à l’autre son essence.
Quel mythe dont nous allons tirer « complexe » que celui d’Osiris
(o sans e) pour incarner cet adhérence… ! Le Livre pour Sortir au Jour bégaie de formules qui sanctifient ce dieu mutilé, d’épithètes sonores à proférer en un souffle.
Il y a 3 700 ans, les Anciens Égyptiens plaçaient la voix au centre de leur rituel funéraire. Une pratique sélective de la nomination - noms propres et très purs - activait la migration des âmes ou « justes
de voix » en de nombreux corps célestes.
En définitive, la traversée du Livre des morts confine à un combat de l’innommable contre l’inouï, précipite le lecteur sur le terrain d’un affrontement verbo-vocal continuel. Le bégaiement - ce cataclysme recommencé - en serait la forme accomplie, poussée au dehors d’un sens qui se sait son.
Sœns ? parce que [e] est dans [o] comme toutes les lettres dans l’œuf : tri-phtonguées, quadri-phtonguées, quintu-phtonguées…
Sœns
Théâtrographie
Sœns I Accueil
En résidence de création à la Fondation Royaumont
Une proposition de Frédéric Deval Directeur Programme Musiques transculturelles
En Résidence du 14 au 18 avril 2013
Liens associés :
• Fenêtre sur cour[s] le jeudi 18 avril 2013
Interprétation duelle (vocale et acoustique, informatisée) du Livre des morts des Anciens Égyptiens par le prisme d’un désordre du langage, le bégaiement, qui signe l’adhérence (l’allégeance ?) du sens au son.
Laurent Colomb auteur-interprète
Paul Brousseau
compositeur-musicien (claviers, électronique)
Scène