Laurent Colomb                              

 

Recherche / Voix

La voix active I Extrait de la communication

La voix active


ACTS

Introduction


Qu’est-ce qu’un programme de travail vocal pour la scène ? La relaxation, l’échauffement et l’exploration vocale, étudiés selon une perspective de développement pour les arts de la scène — une courte allocution que j’ai souhaité intituler la voix « active » a contrario d’une voix « passive », contemplative ; insistant sur sa part agissante – geste sans doute volontaire, assurément complet et le plus complet de tous - nécessitant par conséquent une préparation corporelle gobale. Aucun programme d’échauffement vocal ne peut être pris au sérieux s’il ne se rationalise en une succession d’étapes claires. Aussi, j’aurais tenté d’en préciser la travsersée en dépit du fait qu’il s’agit toujours d’une activité singulière diversement théorisée.


S’il n’y avait qu’un seul protocole d’échauffement pour la voix scénique, il répondrait des modalités de son usage : fut-elle chuchotée, murmurée, cri-chotée, parlée, projetée, clamée, criée, hurlée, microphonée ou non ; immobile (oblique), gestualisé (en mouvement), monoglottique ? polyglottique ? civilisée ou non… ; monophonique ? polyphonique ? toute seule ou « à plusieurs »… ? frottement, froissement des corps ;  monocordée ? polycordée ? frottement, froissement du corps ; verbale ? para-verbale ? quand les signes textuels où devrais-je dire partitionnels, partant du prosodique s’emparent du musical ; patho-verbale ? désordonnée ? dé-chaînée… ? comme de ses conditions d’expression relatives à la qualité du lieu scénique, ses dimensions, sa résonance ; des prédispositions physiologiques du locuteur – le sujet parlant - où devrais-je dire du vocuteur – le sujet vocalisant -, psychologiques et de son expérience.


Dans l’hypothèse où ces deux dernières dispositions seraient réunies (bon pied, bon œil, le sujet est en forme et son appareil articulo-phonique fiable, entretenu) et que le projet artistique déroule, déplie, présente une grande variété d’expressions voco-verbales liée à un répertoire de gestes et de mouvements non moins étudié, le protocole d’échauffement ne saurait être exclusivement phonique mais anticiperait une gestique, liant l’échauffement du dedans – ou celui de l’invisible – à l’échauffement du dehors, son presque semblable. Malgré une grande hétérogénité des pratiques (il y’aurait donc autant de protocoles d’échauffement que de chauffards…), l’existence d’une certaine école fondée sur un imaginaire de la voix qui n’aurait, remarquez le conditionnnel, aucune réalité (« dites-le avec les trippes », « respire par le ventre », et certains d’entre vous tenteront immédiatement l’expérience, comme quoi… « chante avec le cœur… », moins évident…), on observe néanmoins une organisation commune à tous les processus d’échauffement vers la mise en condition du complexe bio-phonique dans son entier : relaxation, étirement, échauffement proprement dit, tendino-musculaire des souffles et de nos articulateurs selon un développement axiale qui part de la glotte aux lèvres, le long du tractus et détente, enfin ! détente et relâchement, avant le grand saut.


Présentation donc très brêve de ce protocole qui pourrait avoir une durée de plusieurs heures selon l’enjeu artistique et les aptitudes du ou des performeurs, le plaisir enfin que l’on prend à cette mise en vibration, trémulation ! du corps ainsi mis en sons, capable d’une émotion-son parfois plus puissante que celle pour laquelle on se prépare…

Voix