Laurent Colomb                              

 

Recherche / Voix

Je vois/x I Extrait

Je Vois/x

Extrait du Chapitre 1.1. « Du souffle dans l’homme »


Hippocrate (- 460 av. J.-C.) repère le tuyau du souffle « surmonté d’un opercule en forme de feuille de lierre » (Des maladies, 4 – VIII) : la glotte - et relève que la voix cesse quand l’air vient à manquer ; sans expliquer cependant l’origine du son… « C’est l’air qui bruit » (Traité des Chairs). — Socrate (- 470 av. J.-C.) comprend le son par le choc de deux corps dans l’air, comparant sa résonance aux lois de la lumière. « Ce qui se produit dans le son a lieu pour la lumière ; car la lumière est toujours réfléchie » (De L’âme, 2, VIII). Il distingue l’aigu du grave en proportion du temps - court ou long - que la voix met pour impressionner et avance que l’oreille qui contient de l’air immobile, « imprime à l’âme ces deux impressions ». Il localise le larynx où l’âme dirige l’air dont elle est emplie, pour le faire sonner ; distinguant les voyelles de ses sœurs, les consonnes, qui ne sont produites que par les lèvres et la langue (Histoire des animaux, 4 - IX). Il reconnait que si la voix est un don naturel, l’art du chant et celui de la parole sont un bénéfice de l’étude et que si elle peut varier d’un individu à l’autre c’est qu’elle est en étroite relation avec l’age, le sexe, l’humeur et la santé de son porteur (Génération des animaux, 5 – VII). — Hérophile (- 330 av. J.-C.), co-fondateur avec Erasistrate de l’école d’anatomie d’Alexandrie, décrit avec précision le rôle du cerveau sur les nerfs de la voix des condamnés à mort qu’il dissèque. — Galien (né à Pergame vers 129) distingue huit paires de muscles intrinsèques et extrinsèques au larynx, qu’il désigne comme un lieu féérique : antre et forteresse au débouché d’un chemin rocailleux ouvert sur une gorge profonde. Il nomme bouclier (thyroïde) le premier des grands cartilages du larynx, anneau (cricoïde) le second et aiguière les deux aryténoïdes qu’il confond. Considérant la glotte « admirable », il soupçonne son renversement pendant la déglutition, la comparant à la hanche d’une flute lorsque le souffle la frappe (Myologie). Il nomme exsufflation l’action sonore de ce dernier qu’il distingue de l’expiration naturelle, signifie le rôle de la voute palatine (palais) dans l’amplification du son. La voix y est retenue comme l’eau dans un bassin que la luette agite comme le plectre pince les cordes de la lyre… Chirurgien des célébrités romaines et terreur des singes magots en un temps où la dissection humaine était redevenu tabou, Galien aurait achevé un Traité sur la voix perdu de son vivant. — Fârâbî (né en 872, mort en 950 à Damas) donne de nombreux conseils en matière de soin et d’hygiène vocales, s’attache au pouvoir émotionnel des sons de la parole dont il qualifie les effets (Grand Traité de la musique).

Voix